VIVE LES URBANISTES

Fédérer les urbanistes qui veulent redonner un second souffle à la SFU

posté le 18-10-2009 à 13:05:23

POUR LE RENOUVEAU DE LA S.F.U.

La Société française des urbanistes - S.F.U. - aura cent ans en 2011. Elle a été pendant des dizaines d’années la référence des urbanistes français. Elle représentait en effet LA référence intellectuelle et sociétale d’une profession à la fois récente et attachée à des valeurs humanistes. Elle avait su rassembler TOUS les urbanistes, peu nombreux il est vrai et pour l’essentiel inscrit dans le cadre d’une profession libérale. Nous n’avons jamais été des «déclinistes». La société savante d’urbanistes qui est la nôtre doit être fière de la tâche qu’elle a remplie au cours de ce centenaire bien rempli.

 

Notre monde mute en profondeur, pressé par les enjeux climatiques et énergétiques, notre société se transforme en mettant en exergue des exigences nouvelles de démocratie participative, l’organisation administrative et politique de nos territoires se présente à nous sous un visage qui évolue en profondeur. Voilà des évolutions que nous avons toujours souhaitées, nous urbanistes,  et auxquelles nous avons, à notre place et grâce à nos réflexions, sinon impulsées du moins pour l’essentiel accompagnées. Souvent de façon solitaire et dispersée.

 

Si nous avons pris part individuellement à ce grand chambardement, nous avons aussi été confrontés, en France en particulier, à l’émiettement progressif du mouvement national des urbanistes. On estime entre 5 et 7 000 les urbanistes exerçant en France, environ 700 sont qualifiés et 300 à 400 - dont 250 à la SFU - militent dans les associations professionnelles, qui sont près d’une dizaine. Notre parole collective a donc peu de poids.

Notre profession est pourtant pressée de toutes parts de se transformer pour faire face à ces nouveaux défis et s’adapter à ce nouveau paysage, celui de la société du 21ème siècle. L’intérêt des urbanistes pour le devenir durable de la terre, pour la démocratisation des pratiques professionnelles et pour la modernisation et la décentralisation institutionnelles doit s’amplifier, car ces enjeux pour lesquels nous nous sommes investis hier – c'est-à-dire au siècle dernier depuis 1911 – resteront des enjeux majeurs pour les années à venir.

 

Pour autant, nous avons appris de nos prédécesseurs et de notre expérience de praticien que si les principes sont intangibles, s’ils ont démontré leur pertinence, il faut savoir néanmoins savoir s’adapter de façon pragmatique aux évolutions de notre champ professionnel. Non pas parce que nous sommes passés du « primat de l’énergie fossile abondante » à « l’injonction du climatologue ». La ville durable est bien évidemment un impératif professionnel et éthique. Mais parce que la profession d’urbaniste est en train d’évoluer en profondeur. Il nous faut donc - comme toute construction durable - nous appuyer sur nos fondations, celle de 1911, et nous préparer à ouvrir les fenêtres progressivement d’ici 2011 pour préparer la SFU du 21ème siècle.

 

Quelques faits doivent nous guider dans cet impératif d’ouverture et d’adaptation en profondeur :

-    La profession d’urbaniste n’est plus réservée à une élite, mais est devenue un métier pour plusieurs milliers de praticiens.

-    La profession s’est largement ouverte aux jeunes issus de formations en majorité universitaires.

-     Les métiers exercés par les urbanistes, tout en restant ancrés dans le « fait urbain »  se sont diversifiés, et souvent à un tel point que la référence forte à la famille d’origine s’est quelque peu distendue.

-     Si la profession d’urbaniste est mieux protégée, et ce fut un combat nécessaire, le métier ne l’est pas et nombreux sont les acteurs qui s’introduisent dans la « confection urbaine ».

 

S’il faut savoir transmettre le savoir-faire et préserver les valeurs fondatrices de la SFU, il faut aussi prendre en compte cette nouvelle donne et se l’approprier dans notre pratique et dans notre organisation.

 

Il nous faut, au nom du passé, porter les valeurs d’une ville durable et humaniste, mais il est devenu nécessaire, pour préparer l’avenir de notre profession, de réfléchir ensemble à une évolution en profondeur de la société française des urbanistes et rompre avec le passé glorieux mais hors champ de la société savante.

 

Des orientations ont été proposées lors de l’assemblée générale et du conseil d’administration du printemps 2009, de façon à orienter la SFU dans cette nouvelle direction. Il faut bien reconnaître que les résultats ne sont pas au rendez-vous :

-     La place des nouveaux praticiens, ceux qui exercent dans les collectivités locales, dans la politique de la ville, etc… reste totalement marginale. Ceux qui ont adhéré sur la base des propos du printemps 2009 sont les déçus de la SFU. Rapide mais normal.

-     La place des jeunes est de l’ordre de l’incantation : on les soutient, toujours, par un courrier qu’on jette en pâture dans les medias, mais on reste en retrait quand il faut les soutenir franchement, comme par exemple pour créer un site dédié à l’emploi ou dans le conflit avec le CNFPT. Le collectif des jeunes urbanistes s’est très largement crée en dehors de la SFU et des autres associations d’urbanistes d’ailleurs.

-     Plus profonde, cette tendance née au moment où il fallait dans les années 90 faire de la place aux salariés des collectivités locales, qui fait que la SFU préfère continuer à faire bande à part, à faire entendre une soi-disant différence et à s’arc bouter à son rôle d’association française de référence pour le Conseil européen des urbanistes. Alors qu’il est de notoriété publique que ce Conseil est une coquille vide et inefficace. Mais on s’y accroche.

-     On continue à honorer le glorieux passé en mobilisant toutes les troupes autour de la fête du centenaire de la SFU. Quelle perspective, celle qui consiste à se la jouer « association d’anciens combattants » !

 

La Société française des urbanistes est devenue sourde et aveugle aux mutations qui frappent notre profession. A force de ne rien voir et de ne rien entendre et surtout de limiter notre expression à un discours lénifiant sur la ville durable.

 

Il est devenu indispensable de changer en profondeur le « logiciel » de la SFU. L’assemblée générale des membres entérine depuis des années la continuité et l’inertie. Un nouveau cap doit être pris et ce dès la prochaine assemblée générale. Au moment où le collectif des jeunes urbanistes demande la tenue d’Etats généraux des urbanistes territoriaux, j’en appelle à la mise en place d’ici au printemps 2010 d’un forum des urbanistes membres de la SFU.

 

Nous avons l’obligation de donner de nouvelles perspectives, toutes autres que celle de célébrer une arrière grand-mère centenaire :

 

-     Nous devons recenser les objectifs qui mobiliseront les urbanistes français dans la décennie qui vient.

-     Nous devons trouver les ressorts et les méthodes pour rassembler une profession qui se morfond dans une division ubuesque.

-     Nous devons attirer ceux qui représentent les nouvelles générations, les nouveaux champs de l’exercice professionnel.

-    Nous devrons probablement présenter notre nouveau « logiciel » de façon originale et attractive.

-    Nous serons, et j’en suis aujourd’hui convaincu présenter cette nouvelle alternative et rassembler autour d’elle. Ce qui nous obligera à renouveler en profondeur nos instances. On ne peut pas en permanence échapper à ce débat là. Je propose donc à ceux qui croient à cette alternative de se regrouper au sein d’un groupe de réflexion que j’appellerai provisoirement :

 

« VIVE LES URBANISTES ».

 

Charge à ce groupe de rédiger une motion alternative pour l’assemblée générale du printemps 2010.

 

 

Dominique MUSSLIN

urbaniste

 


 
 
 

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